Dans une société où les réseaux sociaux font partie intégrante de notre quotidien, il est naturel de partager des moments de vie, des opinions, voire des émotions, même après avoir été victime d’un dommage corporel. Toutefois, pour les victimes d’accident en cours de processus d’indemnisation, cette habitude peut se transformer en véritable piège, et une publication imprudente peut mettre en péril leur indemnisation.
Beaucoup l’ignorent, mais aujourd’hui les compagnies d’assurance scrutent les publications en ligne afin de détecter toute information susceptible de remettre en question la légitimité ou l’étendue des préjudices invoqués.
Un avocat spécialisé en dommage corporel doit inciter les victimes à faire preuve de vigilance, pour que leur dossier ne soit pas affaibli voire perdu à cause d’une ou plusieurs publications malheureuses.
Quels sont les risques, les erreurs courantes, et les précautions à prendre ?
Dans cet article, nous allons explorer l’influence croissante des réseaux sociaux sur les litiges en dommage corporel, détailler les stratégies utilisées par les assureurs, identifier les erreurs les plus fréquentes commises par les victimes, et fournir des conseils pratiques pour éviter que votre indemnisation ne soit compromise.
1. L’influence des réseaux sociaux sur les litiges en dommage corporel
Les litiges en indemnisations de dommages corporels reposent sur des éléments de preuve, médicaux et personnels, destinés à établir la réalité des préjudices subsi, et des souffrances endurées. Or, les publications sur les réseaux sociaux peuvent contredire ces preuves.
Les réseaux sociaux sont parfois utilisés par les assurances pour tenter de prouver que la vie « réelle » de la victime d’un dommage corporel est différente de celle qu’elle a décrite. Les compagnies d’assurance, cherchant à minimiser l’indemnisation, n’hésitent pas à surveiller les publications des personnes qu’elles doivent indemniser, pour contredire la légitimité de leurs déclarations.
Par exemple une photo montrant une victime souriante en vacances, un statut indiquant qu’elle pratique une activité physique ou qu’elle a repris le travail peuvent être interprétés comme une amélioration de son état, voire une exagération de ses préjudices.
L’assureur va alors s’en servir semer le doute sur les déclarations de la victime, et sur la gravité des dommages corporels subis.
Les juges considèrent de plus en plus souvent les publications sur les réseaux sociaux comme des preuves recevables dans les litiges de dommage corporel. Les experts aussi. Une importance croissante est donc accordée à ces contenus, parfois au détriment des expertises médicales et d’autres preuves tout autant recevables.
Ainsi, même une publication a priori innocente comme un simple cliché ou un simple post, peut être interprétée par l’assureur, parfois de manière abusive, pour remettre en question la crédibilité d’une victime, et essayer réduire ou de rejeter l’indemnisation du dommage corporel, alors même que la souffrance est bien réelle.
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2. Les tactiques des assurances pour surveiller et discréditer les victimes de dommage corporel

Les compagnies d’assurance ont bien compris l’intérêt d’explorer les traces numériques laissées par les victimes. Certaines disposent même de services spécialisés ou font appel à des prestataires externes, voire à des détectives privés. pour analyser les profils des victimes en ligne et sur les réseaux sociaux.
Ceux-ci vont rechercher des informations susceptibles de discréditer la demande d’indemnisation.
Les informations collectées peuvent être utilisées lors de la phase amiable pour contester certains postes de préjudice, ou dans le cadre d’une procédure judiciaire pour démontrer un comportement incompatible avec les doléances exprimées.
Tout avocat spécialisé en dommage corporel a déjà vu des assureurs produire des captures d’écran devant un juge, dans l’unique but de démontrer que la victime « vit normalement ». Même si ces contenus sont sortis de leur contexte, leur impact peut être considérable sur l’appréciation globale du dossier.
Voici quelques techniques, les plus souvent utilisées par les assureurs :
- Surveillance passive : consultation des profils publics sur Facebook, Instagram, TikTok, LinkedIn, etc.
- Analyse de l’entourage: consultation des profils d’amis ou de membres de la famille de la victime pour accéder à des publications indirectes.
- Utilisation de faux profils : création de comptes fictifs pour envoyer des demandes d’amitié et accéder à des contenus privés.
- Recherche par mots-clés : surveillance de hashtags ou de localisations associées à la victime.
- Captures d’écran : Les assureurs font souvent des captures d’écran des publications qui pourraient nuire à la réclamation pour les conserver comme preuve.
- Exploitation de contenus archivés : même les anciennes publications peuvent être ressorties pour affaiblir un dossier.
- Analyse de l’activité générale : L’engagement actif de la victime sur les réseaux sociaux ou sur internet (vidéos youtube, bloc, etc) peut être interprété comme un signe de bonne santé, même si l’on sait que les interactions en ligne sont moins exigeantes physiquement.
Ces pratiques, bien que discutables sur le plan éthique, sont malheureusement courantes. Elles rappellent l’importance de la prudence sur internet et sur les réseaux sociaux.
En effet, lorsque le dommage corporel est important, et donc que l’indemnisation devra être élevée, les assureurs cherchent par tous les moyens à prouver que les déclarations de la victime sont inexactes, même si les activités montrées sont en réalité compatibles avec ses blessures.
3. Les erreurs courantes des victimes de dommage corporel sur les réseaux sociaux

Nombreuses sont les victimes d’accidents qui, sans s’en rendre compte, mettent en péril leur réclamation par des publications maladroites, utilisées ensuite par la compagnie d’assurance, qui va parfois les surinterpréter pour parvenir à ses objectifs.
Voici quelques exemples fréquents, des erreurs les plus courantes commises par les victimes, et observées par tout avocat spécialisé en dommage corporel :
- Publier des photos de sorties : Une simple photo d’un dîner entre amis, de vacances, de sortie, peut être utilisée par l’assurance pour suggérer que la victime ne souffre pas autant qu’elle le prétend.
- Partager des vidéos d’activités physiques : Sortir marcher, courir, nager, ou exercer n’importe quelle activité physique, peut conduire l’assureur à considérer que les séquelles décrites par la victime, et/ou constatée par un médecin, ont été exagérées.
- Poster des mises à jour positives ou des messages joyeux : Les publications où la victime indique par exemple « remonter la pente », ou « se sentir mieux », peuvent être utilisées par les assureurs, pour minimiser l’impact psychologique subi.
- Publier des nouvelles, en omettant une partie du contexte : par exemple annoncer un retour au travail ou une reprise d’études, sans mentionner les aménagements nécessaires et les difficultés rencontrées.
- Partager des informations sur le dossier ou la stratégie juridique définie par l’avocat, en pensant être en terrain confidentiel
- Accepter des demandes de contact d’inconnus, potentiellement liés à l’assureur.
- Commentaires des amis ou de la famille : Les commentaires des proches félicitant la victime pour sa résilience ou sa guérison peuvent également être utilisés pour considérer que l’impact des blessures est moindre qu’annoncé.
Chaque publication, chaque photo, et même les commentaires des amis peuvent potentiellement être exploités par les assureurs pour contester la gravité des préjudices subis.
Ces éléments, souvent anodins pour tout le monde, peuvent avoir un impact dévastateur sur l’issue d’un litige.
4 : Les bons réflexes à adopter pour protéger ses droits dans le cadre de la procédure d’indemnisation de dommage corporel
En tant qu’avocat en dommage corporel, je recommande à toutes les victimes d’accident d’adopter une posture de grande prudence sur les réseaux sociaux, et ce dès les premières heures suivant l’accident.
Pour éviter que les réseaux sociaux ne nuisent à votre indemnisation de dommage corporel, certaines précautions sont nécessaires :
- Paramétrer strictement la confidentialité : Assurez-vous que seules les personnes de confiance aient accès à vos publications et évitez de partager des informations sensibles.
- Faire attention à ce que l’on publie : éviter de publier des informations relatives à l’accident, à la procédure, à l’état de santé, aux difficultés rencontrées, au parcours de soins, etc.
- Limiter vos publications : Il est conseillé de réduire ou d’éviter totalement les publications sur les réseaux sociaux jusqu’à la fin de la procédure.
- Informer ses proches des conséquences possibles de leurs publications.
- Consulter un avocat spécialisé en dommage corporel, dès que possible et sans attendre les premiers échanges avec l’assureur, afin de définir une stratégie, à la fois juridique mais aussi de faire le point sur la communication digitale et l’usage des réseaux.
- Conserver les preuves de toute tentative de surveillance ou de piège (ex. : faux profils).
Ces précautions peuvent sembler contraignantes, mais elles sont essentielles pour éviter que des éléments hors contexte ne viennent remettre en cause la réalité du préjudice subi, et diminuer votre indemnisation.
Conclusion
Dans un contentieux aussi sensible que l’indemnisation des victimes de dommage corporel, chaque détail compte.
Les réseaux sociaux, pensés comme des espaces d’expression ou de lien social, sont une source inépuisable d’informations pour les assureurs et les parties adverses cherchant à minimiser leurs dépenses.
En tant que victime d’un dommage corporel, il est essentiel de se rappeler que chaque publication peut entraîner des répercussions juridiques. Un usage prudent et maîtrisé des réseaux sociaux est le meilleur moyen de protéger vos droits et de maximiser vos chances d’obtenir une indemnisation équitable.
Les réseaux sociaux peuvent transformer un parcours déjà éprouvant en un combat plus difficile encore. En prenant les précautions nécessaires et en restant vigilant, vous pouvez protéger vos droits et augmenter vos chances de recevoir la compensation que vous méritez.
Il est donc essentiel d’être accompagné par un avocat spécialisé en dommage corporel, capable d’anticiper ces stratégies et de protéger efficacement les intérêts de la victime. Car se taire sur les réseaux n’est pas une perte de liberté, mais une démarche de protection de ses droits.
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